Carences ? Mais comment est-ce possible? à la recherche des causes de carences(première partie)
- Véronique Gillas
- 16 déc. 2024
- 3 min de lecture

Nombre de personnes sont encore surprises que l’on parle si souvent de carence, ou encore de constater, analyses à l’appui, qu’elles présentent des carences. Elles savent bien que les aliments ultra transformés sont de piètre qualité nutritionnelle mais elles pensent qu’une alimentation saine et variée devrait permettre d’obtenir l’intégralité des micronutriments nécessaires à une santé optimale. Et pourtant, le plus souvent il n’en est rien. Pourquoi ?
Je répondrai à cette question, en me situant dans le cas où la personne a une alimentation saine et variée comme mentionnée précédemment. Car pour les autres, qui consomment principalement des aliments transformés, raffinés, et riches en ce que l’on appelle communément des calories vides, la question ne se pose pas. Même si l’apport en nutriments c’est à dire en protéines, lipides et glucides est parfois très élevé et bien supérieur aux besoins, les vitamines, minéraux, antioxydants, caroténoïdes, polyphénols… sont réduits à leur plus simple expression. C’est ainsi que l’on rencontre des patients obèses qui sont paradoxalement dénutris.
Je vous propose donc un petit inventaire des causes de carence. Commençons aujourd’hui par en voir 3
Une forte diminution de la richesse en micronutriment
Si la nutrition vous intéresse, vous avez probablement lu, il y a quelques années, que des études avaient mis en évidence une baisse de la richesse en micronutriments de certains aliments. Ces allégations résultent de deux études, réalisées pour l’une en 1997 au Royaume-Uni et pour l’autre en 2004 aux États-Unis, portant toutes deux sur des fruits et légumes. En réalité, avec les manipulations génétiques qui sont sans cesse réalisées pour obtenir des produits plus compatibles avec les goûts contemporains, je pense qu’il est difficile de se prononcer réellement sur cette situation, car les variétés de pommes d’il y a 30 ans ne sont pas celles que l’on retrouve désormais sur nos étals. Si l’on y regarde de plus près, certains nutriments ou micronutriments ont augmenté tandis que d’autres ont diminué. Je laisse donc cette polémique de côté. Ces aliments n’en restent pas moins très intéressants pour éviter certaines carences et sont à privilégier dans une assiette santé.
Un défaut de mastication
C’est un sujet que j’ai déjà abordé à plusieurs reprises pour son impact sur la dégradation physique des aliments qui va faciliter la dégradation chimique, et donc pour son impact sur l’équilibre du microbiote, tout défaut de dégradation facilitant le développement de dysbiose.
Parallèlement, le fait de décomposer la nourriture avec les dents va faciliter l’extraction des nutriments et micronutriments qui sont parfois rendus inaccessibles comme c’est le cas avec la cellulose des végétaux. Puisque nous n’avons pas le matériel biochimique nous permettant de digérer cette cellulose, l’action de nos dents va permettre de la détruire et ainsi allons-nous pouvoir accéder aux micronutriments qu’elle contient, comme les caroténoïdes par exemple. C’est une condition nécessaire, même si parfois insuffisante pour que ces micronutriments soient absorbés et non seulement ingérés. A défaut, ils transitent dans le tube digestif sans jamais être rendus biodisponibles (entendez par là, absorbés).
Un défaut d’absorption, car il convient de ne pas confondre ingestion et absorption
Mis à part le cas précédent du défaut de mastication, le défaut d’absorption peut résulter notamment
d’un manque d’acides biliaires, ce qui ne permet pas d’ émulsionner les graisses pour pouvoir les absorber
d’un manque d’acidité gastrique, ce qui ne permet pas d’avoir les enzymes nécessaires à la décomposition chimique des aliments, ni le pH digestif optimal pour absorber certains minéraux
d’une muqueuse intestinale altérée. Les causes les plus évidentes sont les maladies inflammatoires de l’intestin, telles que les recto-colites hémorragiques ou la maladie de Crohn par exemple. Mais les dysbioses plus « banales », l’ischémie reperfusion induite par la pratique intense d’un sport, ou le manque d’oméga-3 par exemple participent également à l’altération de la muqueuse. En induisant une inflammation et de la perméabilité, nombre de processus entraînent une délocalisation des transporteurs qui permettent aux nutriments de pénétrer dans notre sang. Ils sont alors moins efficaces pour l’absorption des micronutriments ce qui peut favoriser les carences. Ce ne sont que quelques exemples, les causes d’altération de la muqueuse intestinale étant très nombreuses, j’y reviendrai.
Je vous retrouve dans un prochain post pour parler à nouveau des causes de carence. Je rappelle que ces articles sont des articles de vulgarisation destinés au plus grand nombre, et que les explications données sont donc volontairement simplifiées, même si ceci peut laisser la place à des imprécisions ou inexactitudes.
C’est avec plaisir que je vous partage ces informations. Merci de mentionner la source si vous partagez à votre tour tout ou partie de mes articles.
Comments